Les Lieutaud
Balthazar LIEUTAUD
Mort le 10 mai 1780
Reçu Maître le 20 mars 1749
Fils et petit-fils d’ébéniste, établi
rue de la Pelleterie puis rue d’Enfer, il était, croit-on, cousin de l’horloger
qui porte le même nom et le même prénom que lui. Ces liens de parenté semblent
confirmés par la spécialisation de l’ébéniste. Il a, en effet, apposé son
estampille sur un grand nombre de régulateurs, la plupart de très haute
qualité, dont les bronzes étaient ciselés par des spécialistes de premier ordre
comme Charles Grimpelle, Edme Roye et Caffieri Jeune. On peut remarquer que ces
meubles de luxe, par leur forme et leur décor, représentent la quintessence des
styles auxquels ils appartiennent, du rocaille le plus échevelé au
néoclassicisme le plus rigoureux. Parmi les premiers, il faut mentionner le
régulateur du musée des Arts et Métiers à Paris, orné d’une marqueterie florale
et de bronzes rocailles sur des formes violonées particulièrement mouvementées.
Ce meuble pose d’ailleurs quelques problèmes de paternité car il porte
également l’estampille de Duhamel, un autre spécialiste en gaines d’horloges.
Qui plus est, un modèle absolument identique est estampillé de Jacques Dubois
et deux autres sont attribués à Latz.
Toujours dans le plus pur style
rocaille, il faut mentionner le régulateur en bois de rose et bronze, surmonté
d’une figure du Temps, H. 241 cm, qui a figuré à Berlin le 5 juin 1929 (n° 210)
dans la vente des musées et châteaux de Saint-Pétersbourg.
D’un style rocaille assagi, avec des
bronzes plus étirés, le régulateur de l’ancienne collection Lurcy, vendu à New
York le 8 novembre 1957, est plaqué de bois de rose et de bois de violette et
marqueté de quadrillages.
Au premier rang des modèles
néoclassiques se situe sans conteste le somptueux régulateur en ébène que
possède le château de Versailles. C’est l’archétype du genre avec sa gaine
rectangulaire circonscrite entre deux volumes carrés : la base et le
mouvement.
Particulièrement luxueux, ce meuble est orné de bronzes à
l’antique : bas-relief symbolisant les saisons sur la base, char
d’Apollon, réduction du groupe de Versailles, au sommet, sans compter de
puissantes baguettes d’encadrement et d’opulentes guirlandes dans le goût de
Delafosse.
Proche du précédent en de nombreux
points mais moins somptueux, le régulateur en ébène de la Wallace Collection de
Londres est surmonté d’une urne. Celui du Victoria and Albert Museum de
Londres, plus sobre, plus discret avec sa marqueterie de quadrillages à
quatre-feuilles, est orné au sommet d’une figure en bronze du Temps que l’on
retrouve, identique, sur un modèle non-estampillé, en placage marqueté en
feuilles, vendu à Paris le 4 mai 1983.
Outre des régulateurs, Lieutaud a
produit des cartels d’applique. L’un d’eux, en vernis à fond vert, richement
paré de bronzes, est passé en vente à Londres le 5 juillet 1985. Mais cet
ébéniste de talent ne s’est pas limité à ce type de fabrication. On connaît de
lui, toujours de conception luxueuse mais en nombre beaucoup plus restreint,
quelques meubles Louis XV ou Louis XVI – commodes, secrétaires, encoignures,
etc. Sa veuve, qui avait conservé son atelier, devra mettre fin à son activité
dès 1784.
François LIEUTAUD
Avant 1700 – 1748
La marque F.L. correspond à François Lieutaud, reçu maître à
la fin du XVIIème siècle. Originaire de Marseille, il était le père de Charles
Lieutaud, lui-même ébéniste, et le grand-père de Balthazar Lieutaud, ébéniste
reçu maître en 1749. On sait que François Lieutaud était proche de
André-Charles Boulle, puisque ce dernier le désigna, dès 1719, comme son expert
personnel au cours d’un procès. Les actes de procès indiquent qu’il exécutait
lui-même les modèles de bronze destinés à garnir ses meubles.
Bibliographie
"Le Mobilier Français du XVIIIème siècle"
Pierre Kjellberg
Les Editions de l'Amateur - 2002
"Les Ébénistes Français de Louis XIV à la Révolution"
Alexandre Pradère
Editions du Chêne - 1989