Les Jacob

Une des plus célèbres familles d'ébénistes, au sein de laquelle trois générations se succèdèrent de 1765 à 1847 et réussirent à maintenir au premier rang la réputation de leur entreprise. Ces trois générations sont celles de Georges Jacob, de ses deux fils, Georges II et François-Honoré-Georges, et de son petit-fils Georges-Alphonse.





Georges JACOB
(Cheny, 6 juillet 1739 - Paris, 5 juillet 1814)

Reçu Maître le 4 septembre 1765




Le plus célèbre et le plus prolifique de tous les Menuisiers en Sièges du XVIIIème siècle français.
Depuis le règne de Louis XV jusqu'à l'Empire, Georges Jacob a produit une quantité incalculable d
e sièges de toutes espèces et de tous styles ainsi qu'un certain nombre de meubles. Orphelin très jeune, il vient à Paris en 1755 comme apprenti menuisier, puis il effectue son stage de compagnon chez Louis Delanois, le fournisseur de la Comtesse du Barry. Ce dernier exercera sur lui une influence incontestable. A l'inverse de nombre de ses confrères, Jacob ne reprend pas un atelier déjà existant, mais fonde de toutes pièces son entreprise.


Les débuts d'une longue carrière.

Dès 1773, il reçoit des commandes du Garde Meuble Royal, qui l'emploie par la suite à des travaux de diverses sortes : on le charge notamment de restaurer des meubles de Boulle, et l'une des pièces de la série des médaillons de Louis XIV exposés au Louvre, présente son estampille...
L’œuvre de Georges Jacob est immense. Par le nombre, par la qualité, par la diversité, par les innovations qui font de ce maître un véritable précurseur.
Jacob consacra le meilleur de son talent à produire des bois de sièges et de lits, des écrans, des consoles, des torchères, dont il composait les dessins et entreprenait lui-même les sculptures. Dans cette spécialité, il surpassa tous ses rivaux par la perfection de sa technique, et plus encore par la brillante fantaisie qui lui faisait donner aux œuvres les plus modestes un cachet particulier de noblesse et de grâce.
Nul ne réagit davantage contre les routines du métier, trouvant toujours des formes nouvelles de la plus harmonieuse élégance.
Ses sièges Louis XV sont relativement peu nombreux et n'offrent pas de particularités notables. Les modèles les plus intéressants sont les plus sobres et l'élégance toute simple de leurs lignes témoigne d'un grand talent.
C'est en définitive dans le style Louis XVI que l'art de Georges Jacob prend toute sa mesure, 

car il fait ici, en de nombreux points, figure de novateur.

Une production incalculable

De ses ateliers, sont sortis d'importants "meubles" de salon comprenant des canapés de différentes tailles, de grands fauteuils "meublants", c'est-à-dire destinés à prendre place le long des murs, des fauteuils "courants", plus légers et pouvant être déplacés au gré des conversations, de larges bergères confortables, des marquises ou petits canapés à deux places, des tabourets de pieds, des écrans, des paravents, voire des consoles d'appliques (Le Mobilier Français du XVIIIème siècle, page 452).

Des innovations décisives
 

C'est davantage dans l'agencement et la décoration des pieds que l'on rencontre des formules qui ont été lancées, sinon imaginées, par Jacob. Nombre de ses réalisations présentent des pieds fuselés à cannelures, parfois rudentées. Ces pieds se raccordent à la ceinture par un dé ou case, orné d'une rosace. Cet élément, qui deviendra d'un usage courant tout au long de cette période dite Louis XVI a probablement été utilisé pour la première fois par Georges Jacob ou par son maître Delanois.
Les modèles les plus luxueux arborent des rubans, des guirlandes et des chutes de feuillage.
Que ce soit dans la majorité des sièges ou bien dans ce que l'on appelle des meubles de menuiserie -écrans et consoles- la sculpture joue un rôle de premier plan dans l’œuvre de Jacob.
Elle comporte des frises ornées de rubans noués et de guirlandes feuillagées, des rangs de piastres, de perles, de rais-de-cœur, de feuilles d'acanthe stylisées et de cannelures droites ou torses.
Sur certaines commandes, se développe une ornementation sculptée des plus naturalistes. On y voit, traités avec une rare minutie, des fleurs et des feuillages de laurier ou de chêne.
Ces sculptures semblent avoir été habituellement réalisées dans les ateliers même de Jacob. En quelques occasions, elles ont été confiées à des sculpteurs tel Jean-Baptiste Rode. Des peintres-doreurs ont également été sollicités pour certaines commandes.

Une clientèle prestigieuse

La hardiesse de ses créations lui mérita la faveur de Marie-Antoinette qui lui passa de nombreuses commandes pour Versailles, Trianon et Saint-Cloud.
Jacob compta parmi sa clientèle la Comtesse de Provence, le Comte d'Artois (futur Charles X) pour le palais du Temple, les châteaux de Saint-Germain et de Maisons. Il contribua à l'installation de Bagatelle avec le sculpteur Rode et le doreur Ramier.
Le Prince de Condé l'employa aux embellissements du Palais-Bourbon, de Chantilly, de Villegénis, et lui commanda les meubles destinés à l'Hôtel de sa fille, la Princesse Louise, rue Monsieur.
Georges Jacob avait encore pour clients le Duc de Chartres, le Prince de Conti, ainsi qu'une foule de grands seigneurs, parmi lesquels les Ducs de Liancourt et de La Rochefoucauld d'Enville, des amateurs éclairés comme le Marquis de Paulny, fondateur de la Bibliothèque de l'Arsenal, et des étrangers de marque tels que la Princesse Kinsky. Il eut même l'occasion de fournir des sièges pour le Mobilier Royal de Suède.
La production de cet ébéniste dépasse en abondance et en qualité celle d'aucun de ses contemporains. Parmi les innombrables pièces qu'il a produites, les reproductions de certaines d'entre elles dans les ouvrages spécialisés livrent un aperçu de leur mérite et de leur diversité en même temps que le talent et le génie créateur de leur auteur.

Bibliographie

 
"Jacob et son temps"
  Michel Beurdeley
  Editions d'Art Monelle Hayot - 2002


"Le Mobilier Français du XVIIIème Siècle"
  Pierre Kjellberg
  Les Éditions de l'Amateur - 2002

"Les ébénistes du XVIIIème siècle"
  Comte François de Salverte
  F. De Nobele, Paris - 1962



Georges JACOB
(Cheny, 6 July 1739 - Paris, 5 July 1814)

Master 4 September 1765 


Georges JACOB was perhaps the most successful businessman among the furniture makers of the eighteenth century. Born into a humble family in the Burgundian village of Cheny, he came to Paris at about the age of sixteen and, according to Pallot (1993:194), apprenticed for one year in the workshop of the chairmaker Jean-Baptiste Lerouge and, after the death of Lerouge, in that of his widow for another six, perhaps spending the three years of his compagnonnage there as well.


In 1765, at the age of twenty-six, Jacob was admitted to the guild of menuisiers-ébénistes. His obvious talent and industry soon won recognition, and by 1773, he was receiving commissions from the Garde-Meuble, apparently at first for the restoration of older pieces, but, by 1777, for important original works as well. A highly accomplished chairmaker, he was a proficient cabinetmaker as well, and later in life was responsible for a number of pieces finished with veneer.
Jacob produced seating furniture and other forms of menuiserie for the most fashionable figures of the day, including Marie-Antoinette; the king's two brothers, the comte de Provence (later Louis XVIII), and the comte d'Artois (later Charles X); the king's sister, Madame Elisabeth; the prince de Condé; the ducs de Penthièvre, Liancourt, and de la Rochefoucault d'Enville; as well as such foreign luminaries as Gustavus III of Sweden and the prince of Wales (later George IV).

In 1796 Jacob gave over his business to his two sons, Georges II and François-Honoré-Georges, who ran it as Jacob Frères. However, after the death of Georges II in 1803, the elder Jacob formed a new association with his surviving son, François-Honoré-Georges, under the name of Jacob-Desmalter et Cie. When that son was named ébéniste to Emperor Napoleon, the business began developing into an enormous enterprise employing close to three hundred men in fifteen workshops: seven for menuiserie, ébénisterie, and wood turning; three for carving, painting, and gilding wood; three for bronzeworking; one for upholstery; and one for locksmithery. From Jacob-Desmalter et Cie poured out a vast quantity of case furniture and chairs for the many palaces the emperor was having redecorated in France as well as in Italy and Holland; among these were the renowned imperial throne at Fontainebleau and the jewel cabinet of Empress Marie-Louise in the Louvre.

However, in 1813, with the gradual financial collapse of the Empire following the long wars and the campaign in Russia, the firm of Jacob-Desmalter et Cie failed. The next year, Georges Jacob died, one day short of his seventy-fifth birthday. Although François-Honoré-Georges was able to reconstitute the business, which remained in operation until 1847 under his son Georges- Alphonse Jacob-Desmalter, it never regained its former greatness.

Bibliography


18th Century French Furniture
Calouste Gulbenkian Museum

Maria Isabel Pereira Coutinho
Fundaçao Calouste Gulbenkian
Lisbon - 1999