Jacques-Philippe CAREL
(1688 - vers 1755)

Reçu Maître le 16 février 1723

(actif entre 1724 et 1750)


Hormis les ouvrages qui portent son estampille, on ne savait rien de la carrière de cet ébéniste. On le supposait parent d'un certain Jacques-Philippe Carel travaillant à Grenoble. En fait, il s'agissait de lui-même comme l'avait d'ailleurs pressenti Theunissen. Des recherches d'archives ont en effet permis de faire la lumière sur sa vie et son activité (Cf. Sylphide de Sonis, "Jacques-Philippe Carel", l'Estampille-L'Objet d'Art, décembre 1997).
Il est vrai que Jacques-Philippe Carel, né à Paris, s'est bien rendu, vers 1712, à Grenoble où il possédait, croit-on, quelques attaches familiales. Il s'y marie et travaille chez Thomas Hache, l'un des membres de la célèbre famille d'ébénistes dauphinois.
Il revient bientôt à Paris où il reçoit ses lettres de maîtrise. Il est indéniable, comme l'avait remarqué Pierre Verlet, que sa production reflète parfaitement le style parisien du milieu du XVIIIème siècle et, pour nombre de ses créations, dans ce qu'il a de plus accompli. Sans doute peut-on signaler, vraisemblablement réalisées au début de sa carrière, des
commodes aux formes robustes, encore inspirées du style Régence avec leurs fortes cannelures de cuivre incrustées. Mais déjà certaines d'entre elles, comme celle en bois de violette, du Château de Drottningholm, près de Stockholm, témoignent du talent de l'auteur.

Ce talent trouve toute sa mesure vers 1745, en pleine floraison du style rocaille auquel il participe pleinement. Carel pratique un peu le placage uni ou disposé en motifs géométriques, et davantage la marqueterie de fleurs en bois de bout ou en bois teinté sur fond de satiné, de bois de rose, d'amarante, de bois de violette.
On connaît aussi quelques meubles revêtus de laque d'Extrême Orient (telle la commode à portes ornée de laque de Coromandel du Musée du Louvre) ou encore de vernis dans le goût chinois. Les bronzes, du plus pur goût rocaille, parfois abondants mais sans la moindre lourdeur, sont habituellement d'une grande qualité de ciselure.
Plus de quatre-vingt-dix meubles estampillés de Carel ont été répertoriés. Il s'agit surtout d'élégantes commodes galbées à deux tiroirs sans traverse et de bureaux de pente. On connaît aussi quelques encoignures, une séduisante petite armoire à face en arbalète, des bureaux plats, l'un d'eux, de l'ancienne Collection Bensimon, pourvu de chutes d'angles à espagnolettes, un autre, de la Collection Franklin N. Groves (vendue à New-York en 1988), présentant une ceinture mouvementée à petits caissons.

Jacques-Philippe Carel a travaillé pour une riche clientèle française et étrangère dont la cour de Suède et le Prince de Wurtemberg, ainsi que pour le Garde-Meuble royal. C'est ainsi qu'il livre, par l'intermédiaire de Gaudreaux, alors ébéniste du Roi, des bureaux de pente pour la Marquise de Pompadour au Château de la Muette et pour Mesdames Louise et Sophie à Versailles.
Signalons que quelques meubles de Carel portent, à côté de son estampille, celle de ses confrères Chevallier et Genty qui, notons-le, étaient également marchands.




Bibliographie


"Le Mobilier Français du XVIIIème Siècle"
Pierre Kjellberg
Les Editions de l'Amateur - 2002



"L'Art et la Manière des Ebénistes Français
au XVIIIème siècle"
Jean Nicolay
Guy Le Prat
Paris - 1956



"Les Ebénistes du XVIIIème siècle"
Comte François de Salverte
F. de Nobele, Paris - 1962


"Les Ebénistes Français de Louis XIV à la Révolution"
Alexandre Pradère
Société Nouvelle des Editions du Chêne - 1989


"Meubles et Sièges du XVIIIème Siècle"
André Theunissen
Editions "Le Document" Paris - 1934


"Jacques-Philippe Carel"
Sylphide de Sonis
L'Estampille - L'Objet d'Art - décembre 1997






Jacques-Philippe CAREL
(1688 - around 1755)

Master 1723

(active 1724 - 1750)


Carel became a master on 16 February 1723 by the purchase of one of the eight masterships created at the coronation of Louis XV.

His stamp is found on a wide variety of furniture : a bureau plat in amaranth in the Bensimon Collection, very close to the work of Cressent ; a table in the Ojjeh sale in the manner of Latz ; a commode in the Swedish Royal Collections. This last piece is adorned with highly original mounts and may be dated to the 1730s.
Two further commodes, identical to one another and both stamped by Carel, also date from the 1730s. One is in the Munich Residenz, and the other was sold in Paris on 12 June 1973, lot 127. The one in Munich has the trade label of the marchand-mercier Calley, rue de la Monnaie at the sign "A la Descente du Pont Neuf".
The diversity of Carel's output makes it probable that he also sold the furniture of other ébénistes. Il is quite likely that Carel worked around 1745 with the ébéniste IDF, as their two stamps are found side by side on a pair of encoignures (Private Collection, Paris) dating from 1745-50

Carel must have been active until at least 1750, since his stamp is found on a small secrétaire en pente delivered by Gaudreaux in 1751 for the daughters of Louis XV at Versailles.