Jean-François DUBUT

Mort en 1778



Un certain nombre de meubles de haute qualité, pour la plupart de style Louis XV ou Transition, témoignent de l’incontestable talent de cet ébéniste. On ignore toutefois la date de son accession à la maîtrise. Il est même possible qu’il ne l’ait jamais sollicitée et qu’il ait estampillé ses œuvres en tant qu’artisan privilégié du Roi.


Parmi ses meubles les plus remarquables, il faut mentionner une grande commode Louis XV à deux tiroirs sans traverse, ornées de laque noir et or dans le goût chinois et de bronzes rocailles d’une hardiesse de dessin très remarquable. Ce meuble faisait partie de la Collection de Madame de Polès, dispersée à la Galerie Georges-Petit du 22 au 24 juin 1927 (n° 260). Appartenant au Musée des Arts Décoratifs, un curieux petit secrétaire de forme violonée, revêtu sur la face, de panneaux de laque rouge, or et noir dans le goût chinois, porte l’estampille de Dubut et celle de Leleu qui, semble-t-il, n’est intervenu ici qu’en tant que restaurateur. Dans cette même catégorie de meubles que l’on peut qualifier de fantaisie, figure aussi un petit secrétaire Transition très étroit présenté à l’exposition des Grands Ebénistes au Musée des Arts Décoratifs en 1955
(n° 97).


Très éclectique, Jean-François Dubut n’a pas eu recours à des « habitudes » qui permettraient de reconnaître ses œuvres au premier coup d’œil. Outre les laques et les vernis à décors extrême-orientaux, il a utilisé indifféremment des placages en feuilles et des marqueteries de fleurs ou de trophées aussi bien sur des commodes et des secrétaires que sur des petits meubles, tous de conception classique. Il a laissé également des modèles Transition ou Louis XVI, souvent en placage de satiné ou d’acajou. Signalons enfin un meuble étrange frappé de son estampille, aujourd’hui au Musée de l’Ermitage à Leningrad. Il s’agit d’un grand secrétaire en bois de rose marqueté de fleurs en ivoire teinté et nacre, orné de bronzes feuillagés. La forme inattendue en double galbe et le décor lui-même ne correspondent en aucune façon au goût français. On peut donc supposer que Dubut a travaillé sur commande pour des clients étrangers et d’après des dessins fournis par ces derniers.


Le libellé du catalogue de la vente publique organisée le 11 mai 1778 après le décès de l’ébéniste confirme l’étendue de sa production. Etaient alors proposés aux amateurs des « bibliothèques, secrétaires en armoire unis et à cylindre, tables à la duchesse, vide-poches, tables ovales et rondes, à gradins et à cylindre, tables dites mignonnettes, tables de nuit, bureaux, encoignures, commodes, chiffonnières, toilettes, paravents, écrans, le tout en bois des Indes. »


Bibliographie

"Le Mobilier Français du XVIIIème Siècle"

Page 283
Pierre Kjellberg
Les Editions de l'Amateur - 1989