Atelier des Gaudron

Père et Fils 

 

Auburtin GAUDRON

actif au début du XVIIIème siècle

Cet ébéniste du Garde-Meuble de la Couronne sous le règne de Louis XIV n'appartient au XVIIIème siècle que pour une courte période de sa carrière. On ne connaît avec certitude aucun de ses meubles, si ce n'est par quelques informations succinctes fournies par les archives. Selon le Comte de Salverte, on pourrait même se trouver en présence de deux artisans, le père et le fils, ce dernier parfois désigné sous le nom de Gaudron le Jeune.
Toujours est-il qu'Auburtin Gaudron, qui est établi rue Saint-Honoré, travaille pour le Garde-Meuble royal (jusqu'en 1713) et pour les Menus-Plaisirs. Il fournit au Roi, au Dauphin et à la Dauphine, à Madame de Maintenon, au Duc d'Anjou, au Duc de Chartres, au Prince de Condé et à beaucoup d'autres encore, des armoires, des cabinets, des commodes, encore appelées "bureaux en commode", des tables, etc. Ces meubles sont incrustés de bois précieux, de cuivre, d'étain, d'ivoire, d'ébène. Il est fort probable que nombre de meubles de style Louis XIV fabriqués dans les premières années du XVIIIème siècle sont dus à cet ébéniste. En l'absence de toute estampille, ils risquent fort de rester à jamais anonymes ou d'être attribués à l'atelier de Boulle.


 Renaud GAUDRON

mort en 1727

Fils d'Aubertin Gaudron, maître ébéniste à Paris et ébéniste ordinaire de la duchesse Palatine, et de Suzanne Valet, Renaud, dit aussi Gaudron le Jeune, naquit vers 1653, étant le dernier garçon d'une fratrie de onze enfants. Avec son aîné Nicolas (vers 1651-1702), il paracheva sa formation d'ébéniste dans l'atelier paternel, devint maître avant 1684 et remplaça cette année son père à la charge d'ébéniste ordinaire d'Elisabeth-Charlotte de Bavière, duchesse d'Orléans, puis entra au service du Garde Meuble royal, associant parfois à ses travaux son frère établi à Versailles. Il s'était fait une spécialité des meubles recouverts de marqueterie de bois de rapport et le Journal du Garde Meuble consigne ses nombreuses livraisons de tables, de bureaux et de commodes dont les plateaux sont souvent ornés de vases de fleurs posés sur une table ou sur une campane, d'oiseaux, de papillons, de petits personnages grotesques ou de sphinges, motifs qui ont permis de lui attribuer un certain nombre de meubles encore conservés (Demetrescu, 2000).

Il livra, entre autres, l'une des deux armoires monumentales exécutées pour le Roi à Marly (13), l'autre étant réalisée plus tard par André-Charles Boulle. Renaud Gaudron est sans doute l'auteur de la paire de commodes provenant de l'ameublement du Grand Dauphin citée, faisant partie des collections royales espagnoles, et l'on peut aussi lui attribuer la commode du musée de Cluny. Par ailleurs, plusieurs de ces motifs se retrouvent sur d'autres pièces attribuées à Renaud Gaudron et évoquent la composition du plateau d'une commode, de dimensions à peine plus grandes et à trois tiroirs, livrée par l'ébéniste en 1713 pour le château de Compiègne : "elle était recouverte de marqueterie de bois de plusieurs couleurs fond d'ébène, ornée au milieu d'un vaze remply de fleurs posé sur un bout de table et un masque grotesque au dessous ; le reste remply de rainceaux, fleurs, oiseaux et papillons au naturel, le tout enfermé par trois filets de bois blanc, etc".


Bibliographie

"Le Mobilier Français du XVIIIème Siècle"

Page 350
Pierre Kjellberg
Les Editions de l'Amateur - 1989