Famille de menuisiers en sièges se composant du père, Jean Nadal, dont on ignore les dates de réception à la maîtrise et de décès, et de ses deux fils, Jean-René Nadal, dit l'Aîné, maître en 1756, qui cesse son activité au début des années 1780, et Jean-Michel Nadal, maître en 1765, mort en 1800. Comme chaque fois que l'on se trouve en présence d'artisans d'une même famille dont les estampilles ne sont pas nettement définies, des difficultés surgissent quant à l'attribution de leurs oeuvres respectives. On est tenté d'attribuer au père les sièges Louis XV et au fils les modèles Transition ou Louis XVI, et on peut seulement admettre avec une quasi-certitude que les sièges plein Louis XVI sont l'oeuvre du second.
Jean Nadal
La production de Jean Nadal semble s'être limitée à des sièges Louis XV de belle qualité. On peut mentionner en particulier six belles chaises cannées aux galbes alertes, à la sculpture simple mais ferme, vendues à Paris en 1977 et, à nouveau, en 1985. A remarquer le sommet trilobé du dossier que l'on retrouve sur quelques-uns.
Jean-Michel Nadal
1734 - 22 février 1800
Maître le 6 février 1765
Fils de Jean Nadal, il semble avoir travaillé dans l'atelier familial de la rue de Cléry, d'abord avec son frère aîné, Jean-René, puis seul lorsque ce dernier ouvre son propre atelier. La date de son accession à la maîtrise incite à lui attribuer les sièges fin Louis XV ou Louis XVI portant l'estampille "I. Nadal". Cette estampille doit, en principe, comporter un N tracé de façon correcte et non pas inversé, comme sur la signature de son père.
Ce menuisier aurait utilisé une autre estampille orthographiée "J. Nadal". Certains des sièges Transition exécutés par cet artisan sont de qualité remarquable, en particulier le très rare et très important ensemble de quatorze pièces, de forme galbée et de décor néo-classique, vendu à Paris en 1983. Salverte cite également des sièges Louis XVI à dossier ajouré découpé en gerbe.
Fils aîné de Jean Nadal, il reprend l’atelier de la rue de Cléry (sans doute après le décès de son père) puis s’établit dans la même rue, à l’enseigne du "Lion d’argent". Il met fin à son activité au début des années 1780. Il travaille pour la Couronne ainsi que pour le Comte d’Artois, auquel il fournit des sièges et des lits. On lui doit des ouvrages de grande qualité, tant dans le style Louis XV que Louis XVI. Citons une paire d’opulents fauteuils Louis XV à la reine montés à châssis et, dans le style néo-classique (sa production la plus brillante), un original mobilier de salon composé d’un canapé à accotoirs renversés en crosse et de six fauteuils à dossier raquette.Les montants du canapé et ceux des fauteuils sont surmontés de pommes de pin. L’ensemble, sculpté de piastres, rais-de-cœur, perles, frise de laurier et feuillages est passé en vente au Palais Galliera le 4 mars 1961.
Toujours Louis XVI, un curieux fauteuil, remarquable par son décor mouluré d’une grande force, présente un dossier à crosse, des supports d’accotoirs incurvés et quatre pieds en sabre. Ce siège, appartenant à une collection privée, ressemble au fauteuil exécuté par Georges Jacob et le sculpteur Rode pour le cabinet turc du Comte d’Artois au palais du Temple. Jacob ayant succédé à Nadal comme fournisseur du Prince, il est permis de supposer que le siège du second nommé a aussi été réalisé pour le Temple et qu’il a pu servir de modèle à Jacob. Pierre Verlet pense d’ailleurs que le célèbre menuisier s’est inspiré à plusieurs reprises des sièges de Jean-René Nadal.
"Le Mobilier Français du XVIIIème Siècle"
Pierre Kjellberg
Les Editions de l'Amateur - 2002