Louis DELANOIS
1731 - 1792


Reçu Maître le 27 juillet 1761



Un des grands menuisiers du XVIIIème siècle. Cet artisan a laissé d'innombrables sièges, tant de style Louis XV que Louis XVI, qui tous témoignent d'un talent de premier ordre. Après avoir débuté dans un modeste atelier de la rue Bourbon-Villeneuve, il connaît rapidement le succès et s'établit rue des Petits-Carreaux, où parallèlement à son activité principale, il pratique le commerce des bois. Il travaille pour des marchands ainsi que pour le Comte d'Artois, le Prince de Condé, le Duc de Chartres, le Roi de Pologne Stanislas II, pour de riches collectionneurs et surtout pour la Comtesse du Barry, qui lui passe des commandes considérables. Sa réputation s'étend à l'étranger, où des correspondants, notamment à Saint-Petersbourg, lui assurent des débouchés fructueux.
La plupart de ces commandes sont minutieusement consignées dans son Livre des Ouvrages et Fournitures de Meubles faits à crédits que conservent les Archives de Paris. Ce document témoigne non seulement de l'étendue et de l'importance des activités de Delanois, mais aussi de ses recherches incessantes pour concevoir des formes et des décors renouvelés.


L
es modèles Louis XV, les plus nombreux, qu'ils soient de fabrication classique ou de commande, révèlent l'habileté et le goût du fabricant et de ses collaborateurs. D'amples proportions, de structure à la fois puissante et souple, de lignes élégamment ondulées, avec des consoles d'accotoirs vigoureusement traitées en coup de fouet et se raccordant harmonieusement à la ceinture, ainsi apparaît toute une série de fauteuils et de bergères, principalement de larges fauteuils à la reine. Les plus luxueux sont montés à châssis. Le décor reste sobre, se limitant parfois à des moulures, en particulier sur les sièges en cabriolet et les sièges cannés. La sculpture de fleurs et de feuillages reste réduite. Au sommet des pieds, les nervures dessinent souvent une sorte de Y où s'inscrivent une ou plusieurs fleurettes. Sur d'autres modèles apparaît à cet endroit, une feuille ou une coquille plissée émergeant de feuillages.
Tout en poursuivant assez longtemps la fabrication de sièges Louis XV, Louis Delanois, très tôt, fait partie des innovateurs qui vont donner naissance au style Louis XVI. Si quelques-uns de ses modèles appartiennent au style Transition, (ils conservent des accotoirs ou des pieds de forme galbée), la plupart s'affirment nettement dans le goût "moderne".



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oins nombreux que les modèles Louis XV, les sièges Louis XVI de Delanois sont, en revanche, plus abondamment ornés. La plupart semblent avoir fait l'objet de commandes. On connaît un certain nombre de chaises à châssis provenant du mobilier de la Comtesse du Barry à Louveciennes. Très caractéristiques des débuts du style Louis XVI, elles présentent un dossier en écusson, un siège circulaire et des pieds fuselés à cannelures torses. Elles font partie de l'ensemble des vingt et une pièces en noyer sculptées, avec une remarquable finesse, par Joseph Nicolas Guichard, de rosaces, d'entrelacs, de branches de laurier et d'olivier s'enroulant autour d'un jonc, etc. Peinture et dorure sont dues à Jean-Baptiste Cagny. Deux de ces chaises, de l'ancienne collection de Polès, acquises par M. Lopez-Willshaw, ont figuré à l'exposition des Grands Ebénistes et Menuisiers parisiens, au musée des Arts décoratifs, en 1955-1956 (n° 74), avant d'être mises en vente en 1980. Une autre chaise a été vendue à New York en 1984. Trois autres se trouvaient, avant la dernière guerre, au Kunstgewerbemuseum de Berlin. L'écran complétant cette série appartient au musée du Louvre.


Bibliographie

"Le Mobilier Français du XVIIIème Siècle"

Pierre Kjellberg
Les Éditions de l'Amateur - 2002