Thomas COMPIGNE
Tabletier privilégié de Louis XV
Tabletier privilégié de Louis XV
Les Tabletiers, au XVIIIème siècle, étaient souvent installés dans les quartiers des ébénistes, qui leur fournissaient de fines marqueteries d'ivoire, d'écaille ou de bois précieux nécessaires à la fabrication de coffrets miniatures, petits tableaux et objets précieux.
Compigné exerça son commerce sous le règne de Louis XV. Il s'installa comme tabletier à Paris, à l'enseigne du roi David, rue Greneta, dans le quartier Montorgueil et attira une clientèle nombreuse qui achetait chez lui des objets de pure beauté. On y trouvait des boîtes, des jeux de trictrac, de dames et d'échecs, des tabatières et des pommeaux de canne en écaille incrustées d'or, mais aussi des miniatures peintes qui étaient très prisées à l'époque.
L'Almanach Dauphin de 1777 répertoriant les principaux marchands et artisans de France présentait Compigné, tabletier du Roi, comme l'un des plus fameux et poursuit : "Cet habile artiste vient d'exécuter de nouvelles tabatières en camayeu travaillées au tour, sur lesquelles sont sculptées en relief des perspectives de paysages et châteaux, conformément aux desseins qui lui sont remis pour modèle".
Notes
Tabletier privilégié de Louis XV, il se spécialisa dans la production de tableaux précieux dont la technique reste encore mystérieuse. Une feuille d'étain estampée et appliquée sur une feuille d'écaille ou de carton est ensuite décorée à l'or, l'argent, la gouache et aux vernis colorés. Cependant, on ignore le procédé permettant de fixer toutes ces matières sur l'étain. Venu d'Italie, Compigné s'installe à Paris, à l'enseigne du Roi David, rue Greneta et attire une clientèle nombreuse par ses boîtes, jeux de trictrac, de dames et d’échecs, ses tabatières et poignées de canne en écaille blonde incrustées d'or.
Diverses gazettes, entre 1766 et 1773 le reconnaissent comme produisant des objets très beaux, incrustés d'or et de différentes couleurs très solides, et mettent l'accent sur ses ouvrages connus aujourd'hui sous le nom de "Compignés", où la peinture est actuellement unie à la sculpture, sur fond d'écaille ou de composition amalgamée en or de couleur. De près, de loin, au jour, à la lumière, ces tableaux font également un grand effet par le mélange, l'assortiment et la transparence des couleurs que l'artiste y sait employer.
En 1773, Compigné présente au Roi deux vues du Château de Saint-Hubert. Ses thèmes d'inspiration sont, en effet, les vues de châteaux, mais aussi de nombreux paysages, vues de Paris, scènes de genre et scènes pastorales. Il représentera fréquemment le Château de Choisy, résidence royale depuis son achat par Louis XV en 1739.
"Le Palais Bourbon et l'Hôtel de Lassay aux environs de 1780"
Tableau en relief sur étain par Compigné, Tabletier du Roi (Collection de la Bibliothèque de l'Assemblée Nationale)
Le génie de Compigné, qui produisait notamment des miniatures en écaille sculptée en léger relief, fut, dès 1760, de substituer l'étain à l'écaille, et d'y ajouter une feuille d'or ou d'argent, parfois rehaussée à la gouache ou au vernis coloré. Ces "Compignés" représentent le plus souvent des vues de villes, de monuments ou de châteaux, dans des perspectives de parc ou de paysages sur plusieurs plans. Ces châteaux, ces paysages animés de petits personnages tirent leur valeur de la finesse du trait, des effets de perspective, des contrastes de couleurs rehaussées d'or, et de l'intérêt du sujet représenté.
La vue par Compigné du Palais Bourbon et de l'hôtel de Lassay côté Seine permet de mesurer le développement de la construction à l'ouest : plusieurs cours ont été créées, ainsi que des remises et des écuries. L'intérieur de l'Hôtel de Lassay a été réaménagé. Les Petits Appartements adossés aux remises et écuries ont été construits en 1771 et 1772 par Louise-Adélaïde, l'une des filles du prince de Condé. De ceux-ci, Madame d'Oberkirch, après la visite qu'elle fit en 1874, a écrit : "C'est un bijou, Monsieur le Prince de Condé en a fait le plus joli colifichet du monde". Les aménagements longs et coûteux commencés dès 1765, ne furent achevés qu'en 1788 ; un an plus tard, le prince de Condé, fuyant la Révolution, quittait la France pour vingt-cinq ans.
Claude-Louis Chevallier
Élève de Compigné
Reçu Maître Tabletier en 1776
Petite Table ovale à plateau de Compigné
Mathieu-Guillaume Cramer
Paris, vers 1780
Le Palais Royal est représenté depuis le jardin après la deuxième campagne de travaux de l'architecte Contant d'Ivry, soit nécessairement après 1770 ; Compigné a donc logiquement eut recours à une gravure très récente pour un objet qui se voulait à la pointe de la mode.
Si la production de médaillons de ce type est assez abondante, les meubles ornés de plaques de Compigné sont, quant à eux, d'une grande rareté. Un autre exemple faisait jadis partie de la collection Jacques Doucet (vente à Paris, le 8 juin 1912, lot n° 332) : de forme rectangulaire et peinte en vert, le dessus de cette table est orné d'une plaque représentant le Palais Bourbon et l'Hôtel de Lassay, les côtés de paysages dans des médaillons circulaires.
L'existence de ce décor sur de petites tables, malgré le faible corpus aujourd'hui répertorié, est attestée de façon certaine par l'inventaire après décès de Compigné (information aimablement communiquée par Christian Baulez)
D'une fonctionnalité discutable, l'usage d'un meuble à dessus de plaque de Compigné est réduit à sa plus simple expression. La grande fragilité du décor imposait nécessairement l'application d'une plaque de verre sur le dessus du plateau et cantonnait ce type de table au rôle de simple fantaisie.
Bibliographie
"La Villa Ephrussi de Rothschild"
Sous la direction de Régis Vian des Rives
Éditions de l'Amateur, Paris - 2002
Catalogue d'Exposition
"Compigné, peintre et tabletier du Roy
Villa, Musée Fragonard
Grasse, juin-juillet 1991
"Ces délicats chefs-d’œuvre de la tabletterie au XVIIIème siècle"
Les Compignés
Anita Semail
Plaisirs de France, mars 1975, p. 25 à 31
L'Estampille/l'Objet d'Art N° 227
Juillet-Août 1989, p. 40 à 51
Élève de Compigné
Reçu Maître Tabletier en 1776
Petite Table ovale à plateau de Compigné
Mathieu-Guillaume Cramer
Paris, vers 1780
Vue du Palais Royal
Destinée à orner le cabinet d'un curieux, l'existence d'une plaque identique à celle ornant le dessus de la table Ephrussi, dans un cadre de bois doré et légèrement réduite en largeur, intrigue par sa signature : elle est l’œuvre de Claude-Louis Chevalier, suiveur de Compigné, lequel disposait visiblement, sinon des moules, du moins des mêmes modèles que son prédécesseur.Le Palais Royal est représenté depuis le jardin après la deuxième campagne de travaux de l'architecte Contant d'Ivry, soit nécessairement après 1770 ; Compigné a donc logiquement eut recours à une gravure très récente pour un objet qui se voulait à la pointe de la mode.
Si la production de médaillons de ce type est assez abondante, les meubles ornés de plaques de Compigné sont, quant à eux, d'une grande rareté. Un autre exemple faisait jadis partie de la collection Jacques Doucet (vente à Paris, le 8 juin 1912, lot n° 332) : de forme rectangulaire et peinte en vert, le dessus de cette table est orné d'une plaque représentant le Palais Bourbon et l'Hôtel de Lassay, les côtés de paysages dans des médaillons circulaires.
L'existence de ce décor sur de petites tables, malgré le faible corpus aujourd'hui répertorié, est attestée de façon certaine par l'inventaire après décès de Compigné (information aimablement communiquée par Christian Baulez)
D'une fonctionnalité discutable, l'usage d'un meuble à dessus de plaque de Compigné est réduit à sa plus simple expression. La grande fragilité du décor imposait nécessairement l'application d'une plaque de verre sur le dessus du plateau et cantonnait ce type de table au rôle de simple fantaisie.
Bibliographie
"La Villa Ephrussi de Rothschild"
Sous la direction de Régis Vian des Rives
Éditions de l'Amateur, Paris - 2002
Catalogue d'Exposition
"Compigné, peintre et tabletier du Roy
Villa, Musée Fragonard
Grasse, juin-juillet 1991
"Ces délicats chefs-d’œuvre de la tabletterie au XVIIIème siècle"
Les Compignés
Anita Semail
Plaisirs de France, mars 1975, p. 25 à 31
L'Estampille/l'Objet d'Art N° 227
Juillet-Août 1989, p. 40 à 51