François RÜBESTÜCK
Vers 1722 - 28 avril 1785

Reçu Maître le 7 mai 1766



En dépit d'une carrière relativement courte, cet ébéniste, né en Westphalie, a su s'adapter à l'évolution des styles, de la rocaille au néoclassicisme. Après avoir travaillé comme ouvrier libre, il s'établit rue de la Roquette avant de transporter son atelier rue de Charenton. Malgré une production abondante et de grande qualité, mais à cause de son intempérance, il achèvera sa vie dans le dénuement.

Les meubles revêtus de vernis européen à décor chinois constituent la part la plus caractéristique de l’œuvre de Rübestück. Ces décors, qui se déploient en plein sur des formes simples et classiques, aussi bien Louis XV que Louis XVI, représentent des paysages lacustres pour la plupart, avec des pagodes, diverses architectures et des personnages. Les plus typiques s'inscrivent sur des fonds dont le blanc d'origine est devenu jonquille (on dit aussi camomille) avec le temps. Ces décors, très séduisants, que l'ébéniste semble particulièrement affectionner, se rencontrent notamment sur une très élégante commode Louis XV, naguère dans la collection Patiño, vendue à Paris le 11 mars 1975, et sur plusieurs secrétaires Louis XVI à pans coupés. Moins personnels sont les décors à fond noir ou rouge. A signaler une série de secrétaires Louis XV à doucine, très proches les uns des autres et de dimensions similaires, ornés des paysages chinois en vernis noir et or dans des encadrements de bronzes feuillagés finement ciselés.

Rübestück a aussi pratiqué le placage en feuilles et la marqueterie, mais les ouvrages de ce type ne présentent pas de particularités marquantes. Notons toutefois, en ce qui concerne les marqueteries la présence fréquente d'un bouquet de fleurs maintenu par un nœud de ruban ainsi que de corbeilles de fleurs et de trophées de la Musique. Vernis dans le goût chinois ou marqueteries de fleurs habillent indifféremment toute une série de commodes Louis XV, la plupart de petites dimensions. Ces meubles sont ornés de chutes, de poignées et d'encadrements de bronzes constitués de fins motifs rocailles au rythme syncopé. 

L'estampille de Rübestück figure assez curieusement sur une commode Transition provenant de l'ancienne collection Cronier (vente à Paris le 15 décembre 1905, n° 138), aujourd'hui en possession de la Huntington Collection à San Marino (Californie).  Ce meuble à double ressaut, orné de trois médaillons ovales en marqueterie encadrés de bronzes, est typique de la manière de l’ébéniste Pierre Antoine Foullet, lequel en a réalisé plusieurs exemplaires presque identiques. Il est permis de penser que Rübestück n’est intervenu ici qu’en tant que restaurateur, à moins qu'il n'ait réalisé une copie d'après un modèle de Foullet.

Bibliographie

 "Le Mobilier Français du XVIIIè siècle"
  Pierre Kjellberg
  Les Éditions de l'Amateur - 2002