Jacques BIRCKLE
1734 - 7 mars 1803

Reçu Maître, le 30 juillet 1764




Travaillant d'abord comme ouvrier libre dans le faubourg Saint-Antoine, il est reçu à la maîtrise, le 30 juillet 1764. Installé rue Saint-Nicolas, il commença à travailler pour le Garde-Meuble royal en 1785, ce jusqu'à la Révolution ; date à laquelle ses livraisons pour la Couronne cessèrent.

On trouve son estampille sur de très bons ouvrages, principalement en marqueterie. Au vu de sa production, abondante, variée, de belle qualité, adaptée avec aisance à l'évolution des styles, Bircklé apparaît comme un ébéniste consciencieux, ne cherchant nullement le luxe et la préciosité mais davantage l'effet décoratif. Il y excelle grâce à son indéniable talent de marqueteur. 

Dans la plupart de ses meubles, pratiquement dépourvus de bronzes, une constante s'impose en effet : sa prédilection pour des marqueteries aux tons vifs et contrastés, dessinées avec simplicité, sans détails superflus. Faites de bois teintés clairs, elles se détachent le plus souvent sur un fond de placage plus sombre. Leur effet spectaculaire est encore renforcé par les thèmes choisis : vases de fleurs, urnes, draperies, rubans, trophées de la Musique, attributs divers et même paysages ou scènes à l'antique, les uns et les autres habituellement encadrés de filets à grecques.

Il existe enfin un décor très original, presque une "exclusivité" de l'ébéniste, que l'on rencontre pratiquement à l'identique sur des commodes et des secrétaires Transition ou Louis XV : il représente, en trompe l’œil si l'on peut dire, un bureau plat Louis XV sur un dallage noir et blanc. Le tiroir droit du bureau est ouvert et, sur le plateau, sont posés deux vases de fleurs, des livres et divers objets. Une draperie surmonte l'ensemble tel un rideau de scène ouvert pendant le spectacle.

A côté de ces fabrications si caractéristiques, Bircklé a produit d'autres meubles un peu moins typés, mais toujours d'excellente facture, sur lesquels on retrouve des marqueteries de cubes ou d'autres motifs géométriques dans des encadrements.

Parmi sa nombreuse clientèle, on compte la Comtesse de Provence pour qui il livre, à Versailles, en janvier 1787, "2 commodes de 3 pieds 1/2 plaquées en bois de rose, à 4 tiroirs fermant à clef, garnies d'anneaux, chapiteaux, sabots dorés, avec dessus de marbre blanc, à 132 livres chacune", puis, le 10 juin de la même année, Marie-Antoinette pour le service de laquelle il livre à Saint-Cloud "N° 156 - une commode de 4 pieds en bois d'acajou à 5 tiroirs fermant à clef ornée d'une frise à canneaux et fleurons. Sabots et chapiteaux dorés. Dessus de marbre blanc veiné. Une console en demi-cercle de 4 pieds de même bois et analogue à la commode, et à deux marbres blanc veiné. Pour les 2 meubles : 680 L. 4 commodes de 3 pieds 1/2 en bois satiné, à 5 tiroirs fermant à clef, garnies d'anneaux, entrées, sabots et chapiteaux doré, à dessus de marbre des Flandres, à 120 L l'une : 480 L."

Il travailla également pour Madame Élisabeth au Château de Montreuil, le duc d'Orléans et la princesse de Lamballe. En 1788, il travailla pour le dauphin à Meudon.

Après la Révolution, son atelier fut repris par son fils, qui poursuivra son activité jusqu'en 1825.

Bibliographie

"Le Mobilier Français du XVIIIe siècle"
  Pierre Kjellberg
  Les Éditions de l'Amateur - 2002


"Les Ébénistes Français de Louis XIV à la Révolution"
  Alexandre Pradère
  Paris - 1989



"Les Ébénistes du XVIIIe siècle"
  Comte François de Salverte
  F. De Nobele, Paris - 1962



"L'Art et la Manière des
  Maîtres Ébénistes Français au XVIIIe siècle"
  Jean Nicolay
  Éditions Pygmalion - 1986