Philippe CAFFIERI

1714 - 1774


Philippe Caffieri, connu sous le nom de Caffieri l'aîné, est né en 1714 et mort en 1774. Fils de Jacques Caffieri, qui détenait le titre de sculpteur et ciseleur ordinaire du Roy. Son frère cadet était le sculpteur Jean-Jacques Caffieri. En 1751, il épouse Antoinette-Rose Lambert Rolland, dont le père et le frère ont été successivement premier valet de chambre dans la maison du Prince de Condé.
Caffieri étudie avec son père et a également fréquenté l'école de dessin de l’Académie de Saint-Luc. En 1743, ses parents réussirent à lui faire transmettre le privilège accordé jusqu'à présent à sa mère, à savoir le titre de ‘marchande doreur graveur damasquineur suivant la Cour’ ‘pour faciliter son établissement’. En 1747, son père et lui s'associent. Il devint maître-sculpteur en 1754, est nommé membre de l’Académie de Saint-Luc où il allait plus tard devenir juré. Son père meurt en décembre 1755, et il devient propriétaire de l'atelier de la Rue Princesse, reprenant le stock de modèles de l'entreprise familiale en versant à ce titre des indemnités à son frère. Un mois plus tard (le 16 janvier 1756), il est agréé maître-fondeur en terre et sable sans avoir eu à produire un chef-d'œuvre, simplement parce que son père avait été maître-fondeur.
 
À en juger par les inventaires établis à la mort du père et de Philippe lui-même, il semblerait que ce dernier ait agrandi l'établissement dans une certaine mesure après l’avoir repris. En 1770, il y avait six établis, tandis qu’à l’époque de son père, il n’y en avait que quatre. À titre de comparaison, on peut noter que Pitoin avait seulement deux établis dans son atelier en 1777. Outre l'équipement pour la fonte et la coulée de bronze, Caffieri possédait également les tarauds et filières pour la production de filetage. Par ailleurs, on a aussi répertorié quatre établis de sculpteur et un chevalet. La prospérité de Caffieri est également reflétée par la quantité non négligeable d’argenterie qu'il possédait - pour un total de 74 marcs en poids et évaluée à 3 774 livres en monnaie, à savoir presque deux fois plus que son père n’avait possédé…
 
Lorsque sa femme meurt en 1770, Caffieri détient un stock impressionnant de chenets, d’appliques, de chandeliers, de candélabres, etc., en partie sous forme de modèles et en partie en produits finis. Au total, il y avait environ une centaine de pièces, évaluées à 16 154 livres. Les descriptions montrent que seule une faible partie de ce stock était dans le goût rocaille, et que certaines de ces pièces furent produites en réalité pendant que le père était encore en vie. Le reste est clairement dans le style néo-classique. Il convient de noter que le stock ne comprenait apparemment pas de garnitures ordinaires pour les meubles.

Parmi les œuvres du sculpteur à titre indépendant, produites après la mort du père, on peut inclure les riches éléments en bronze pour les meubles de Lalive de Jully (environ 1756-57), exécutés d’après des dessins de Le Lorrain. Ensuite, il y avait quelques appliques en forme de cors de chasse pour le Palais de Saint-Hubert (1758), des chenets pour le Marquis de Marigny (1758), des pièces pour l’autel de la Cathédrale Notre-Dame (commencées en 1760), divers travaux pour la Cour de Pologne à Varsovie (1766-68), quelques dessins pour un service de toilette en argent destiné à la Princesse des Asturies (1765, exécuté par Pierre Germain et Thomas Chamelier), quelques lustres, chenets, etc., pour le Prince de Condé (1769-70), un ensemble d’objets pour l’autel de l'église Saint-Nicolas du Chardonnet (environ 1770), une ‘girandole à cinq branches’ pour le Comte d'Orsay (1770-71) et des pièces pour l’autel de la Cathédrale de Bayeux (1771).
La plus grande partie du travail de dorure de Caffieri semble avoir été réalisée par Pierre-François Carpentier, à qui il devait 14 580 livres en 1774. Il se trouve d’ailleurs que les pères des deux hommes avaient travaillé ensemble de la même manière. Parmi les autres artisans ayant collaboré avec Caffieri on trouve le bronzier Pierre-François Boitard, à qui il devait 8 181 livres en 1774, et le bronzier Louis-Barthélemy Hervieu, à qui il était redevable de 6 313 livres.

Il y avait également Georges-Alexandre Moreau, un bronzier qui était créancier de Caffieri à hauteur de 2118 livres.
Notre portrait de Philippe Caffieri se complète par l’étude de sa très respectable collection d'art et sa bibliothèque. Parmi ses peintures à l'huile figuraient cinq tableaux de Chardin, deux de Lagrenée l'aîné et un autre de Le Geay - une peinture ovale intitulée Fragment du Temple de Jupiter, et le Tombeau de Sectius. Il possédait des œuvres de Saly, Falconet et Challe, ainsi que des dessins de Pajou, François Boucher et Fragonard. Parmi ses œuvres sur l'architecture se trouvent les dessins gravés de Marot, Palladio, Vignola, Le Pautre, Vitruve et Les Ruines des plus beaux monuments de la Grèce de Le Roy, mais aussi les compilations du Comte de Caylus. Il avait des Vedute romains de Piranesi, de Le Geay et d’autres, ainsi que 188 gravures de ‘vases’ et 170 d' ‘ornemens’. Ainsi, il n'est pas surprenant qu'il posséda également quelques gravures des œuvres de Vien.