Jean-Joseph de Saint-Germain
(1719 - 1791)

Reçu Maître le 15 juillet 1748




La corporation des bronziers regroupait, à l'origine, plusieurs spécialités : fondeur, doreur, ciseleur. Elles sont souvent confondues, voire ignorées des collectionneurs pour qui seules comptent la renommée de l'exécutant et la qualité de l'exécution. C'est précisément cette qualité et le style qui permettent d'attribuer à un bronzier la paternité de certains ouvrages. Rares, en effet, sont les signatures gravées dans le bronze. Seuls quelques artisans ont laissé leur nom, souvent sur les pièces les plus riches, et sur des commandes royales ou princières.
C'est le cas de Jean-Joseph de Saint-Germain. Le prénom est fréquemment omis. Quelquefois, mais plus rarement encore, figure, à côté du nom, un titre (par exemple : "fondeur ciseleur du Roi") voire une adresse. Comme les autres corporations, celle des bronziers sera supprimée lors de la Révolution. 


Né en 1719 et mort quelque temps apèrs 1787, il est le fils de l'ébéniste Joseph de Saint-Germain. En 1749, il épouse Anne Legrand, veuve d'un ébéniste nommé Jean-Paul Mathieu. Un fils, Jean de Saint-Germain, est également devenu bronzier.

Il travaille d'abord comme ouvrier libre dans le Faubourg Saint-Antoine où il avait un atelier dans la Rue de Charenton. Parmi ses apprentis se trouvait un certain Jean Goyer qui devint plus tard ébéniste. Toutefois, le 15 juillet 1748, Saint-Germain a été reçu maître fondeur en terre et sable-"suivant l'arrêt du Conseil d’État du Roy du 27 décembre 1746 et par chef-d’œuvre". En 1765, il est élu juré de la Guilde des fondeurs-ciseleurs pendant deux ans et, à ce titre, fait campagne activement pour la résolution concernant les droits d’auteur des fondeurs-ciseleurs, qui fut enfin ratifiée le 21 avril 1766, et sur laquelle son nom apparaît comme cosignataire. Le fils de Saint-Germain est reçu maître la même année- alors que le père était juré et que le fils avait à peine seize ans. !


Dans les papiers Champeaux, qui rassemblent une quantité de notes manuscrites sur les bronziers conservées à la Bibliothèque du Musée des Arts Décoratifs, on peut lire :

"Saint-Germain, fondeur ciseleur et doreur, fait et vend toutes sortes de boetes pour dorer en or moulu ou en couleur d'or comme bronze, garnitures de commodes, bras de cheminées à plusieurs branches, grilles, flambeaux, lustres, girandolles, boetes de pendules, cartels de toutes espèces, boetes à carillons et à secondes, boetes éléphantes, à lion, à taureaux et autres, fait les desseins et modelles en cire, le tout à juste prix, demeure rue St-Nicolas, Faubourg St-Antoine à Paris".

Saint-Germain a donc imaginé puis réalisé de nombreux modèles, tant dans le domaine des bronzes d'ameublement proprement dit, que dans le domaine de l'horlogerie.
Il a exécuté des montures de vases ou d'objets, des bras de lumière, des feux, des cartels ainsi que de nombreuses pendules (voir les passages qui lui sont consacrés dans l'ouvrage de Hans-Ottomeyer et Peter Pröschel pages 122 à 131 et 521 à 538).
Il s'est néanmoins spécialisé dans les pendules qu'il ne signait que très rarement et sa notoriété lui permit de contribuer à l'élaboration du règlement de 1766 protégeant les modèles de fondeurs.

Un certain nombre de boîte d'horloges en bronze de grande qualité sont signées "ST GERMAIN". La plus grande et la plus élaborée d'entre elles est la boîte réalisée en 1766-67 pour le Roi du Danemark d'après les modèles de Pajou, et elle est encore conservée dans les Collections Royales Danoises au Palais d'Amalienborg à Copenhague.
 

Le Musée du Louvre a la chance de posséder une belle collection très représentative de ses pendules :
On peut ainsi y admirer quelques modèles célèbres, tels ce cartel dédié à Diane, déesse de la Chasse et de la Nuit (Legs de Madame Georges Lebey en 1945, Inv. OA 9398) ou encore cette très spectaculaire pendule à carillon arborant un jeune indien juché sur un rhinocéros (Don de Monsieur et Madame René Grog-Carven en 1973, Inv. OA 10540).
Outre ces deux pièces exceptionnelles, le Louvre possède d'autres pendules également signées par Saint-Germain :
On citera notamment une très belle pendule de type rocaille (Legs du Baron Basile de Schlichting en 1914, Inv. OA 6884) ou encore, dans un registre néoclassique cette pendule à mécanisme musical (Don de Monsieur Philippe Kraemer en 1985, Inv. OA 11023) et cette pendule à l'Etude (Legs du Baron Basile de Schlichting en 1914, Inv. OA 6883) qui démontrent avec quelle rapidité et quelle facilité Saint-Germain s'est adapté au goût "grec" des années 1760.

Trois autres modèles complètent cette collection (voir l'ouvrage collectif consacré aux bronzes d'ameublement du Louvre page 76). Mais on ne saurait clore cette notice sans mentionner la pendule "aux deux Chinois", autre modèle célèbre et très recherché par les collectionneurs. (Encyclopédie de la pendule française page 123).



Bibliographie


"Les Bronzes Dorés Français"
  Pierre Verlet
  Picard Editeur - 1987


"Vergoldete Bronzen"
  Hans Ottomeyer / Peter Pröschel
  Klinkhard & Biermann - 1986



"Les Bronzes d'Ameublement du Louvre"
  Daniel Alcouffe
  Anne Dion-Tenenbaum
  Gérard Mabille
  Editions Faton - 2004

"Encyclopédie de la Pendule Française"
  Pierre Kjellberg
  Les Editions de l'Amateur - 1997