Les Boulle


André Charles BOULLE

11 novembre 1642 - 29 février 1732


Si la carrière de l'illustre ébéniste commence en plein règne de Louis XIV, il n'en demeure pas moins le véritable créateur du mobilier français du XVIIIème siècle. Avec lui, ce dernier va s'affranchir des influences italiennes et flamandes aux quelles il était soumis jusqu'alors pour adopter et mettre au point les types de meubles et les formules décoratives qui vont contribuer à sa réputation universelle. Les recherches récentes de Jean-Pierre Samoyault ont fourni des éclaircissements sur l'origine de l'ébéniste. On le savait parent d'un certain Pierre Boulle que l'on croyait de nationalité suisse. Il s'agit en réalité d'un cousin qui signa son contrat de mariage et qui est indiqué, dans ce document, comme étant de Kerckhauve, dans le duché de Juliers, à la limite de l'Allemagne et de la Hollande. Quant à son père, Jean Boulle, qui demeurait à Paris lors de sa naissance, certains le disent menuisier d'art et d'autres, charpentier.

Dès 1664, André Charles aurait travaillé aux abords de l'abbaye Sainte-Geneviève. C'est un artiste aux dons multiples. Il pratique notamment la peinture et la sculpture, ce qui lui vaut son admission à l'Académie de Saint-Luc et la livraison de deux tableaux à la cour. Ce premier contact avec la Couronne lui permet d'être distingué par Colbert, qui le désigne au Roi comme "le plus habile dans son métier". Et le Roi lui accorde, en 1672, dans les Galeries du Louvre, l'appartement devenu disponible par l'un de ses anciens ébénistes, Jean Macé. Il ne semble pas, toutefois, qu'il ait exercé son activité dans le palais même mais à proximité, dans des locaux situés place du Vieux-Louvre. Il devient bientôt premier ébéniste du Roi, et le brevet qui lui accorde ce titre le qualifie d' "architecte, peintre, sculpteur en mosaïque, ciseleur-graveur, marqueteur, inventeur de chiffres". C'est le début de la gloire.

Grâce à son privilège royal, Boulle peut se permettre d'exercer des activités réservées habituellement à des corporations différentes. Il sera non seulement le grand maître de la marqueterie d'écaille et de cuivre qui a immortalisé son nom, mais aussi un remarquable créateur de bronzes. Il les fabriquera dans ses propres ateliers, où s'activent de nombreux ouvriers : menuisiers, ébénistes (presque tous ses meubles sont plaqués d'ébène), marqueteurs, ciseleurs, doreurs.

A partir de 1672, les commandes se multiplient. Boulle fournit toutes sortes de meubles, des lustres, des girandoles, des bras de lumière en bonze doré au Roi et à la Reine, à Monsieur, frère du Roi, au duc et à la duchesse d'Orléans, au prince de Condé, au duc de Bourbon, à la duchesse de Berry, au cardinal de Rohan, à d'autres membres de l'aristocratie, à des collectionneurs comme Pierre Crozat, à de nombreux financiers comme Samuel Bernard, etc. Sa réputation dépasse largement les frontières et, parmi ses clients étrangers, figurent le Roi Philippe V d'Espagne, l'évêque de Cologne, le prince Maximilien-Emmanuel de Bavière. De 1684 à 1692, il poursuit, avec son confrère Pierre Golle, l'aménagement de l'appartement du Grand Dauphin à Versailles, réalisant une partie des lambris et du mobilier de son cabinet.

En dépit de ses succès, André Charles Boulle, qui s'est marié en 1677 et qui aura huit enfants, ne cesse de se débattre au milieu difficultés financières. Grand amateur, il dépense des sommes considérables pour ses collections de peintures, de dessins, d'estampes et d'objets d'art. Il exécute, pour son propre usage, des meubles aussi somptueux, dit-on, que ceux qu'il livre à Versailles. Par ailleurs, ses travaux pour la Couronne sont régulièrement payés en retard. Ainsi se trouve-t-il attaqué en justice par ses propres ouvriers qui n'ont pas reçu leurs salaires, par des collectionneurs, dont Crozat, à qui il n'a pas livré des meubles déjà payés, par divers autres créanciers. Le Roi lui vient en aide à plusieurs reprises mais finit par se lasser.

Le 31 janvier 1703, Mansart écrit à Ponchartrain, intendant de Paris : "Le Roy a bien voulu accorder cette fois encore à Boulle un arrest de surséance pour six mois à condition que ce sera la dernière grâce que sa Majesté luy fera là-dessus". Ce sont sans doute des considérations financières qui, en 1715, incitent l'ébéniste à céder, par un "acte de délaissement", la totalité de ses biens à ses quatre fils, en quelque sorte une donation entre fils selon la terminologie actuelle. "Furent présents sieur André Charles Boulle, cizeleur et marqueteur du Roy, et demoiselle Anne-Marie Le Roux, sa femme, (...) demeurant aux galeries du Louvre (...), attendu que ledit sieur Boulle ne se trouve plus en estat de continuer et exercer sa profession qui demande beaucoup de peine et de travail et voulant se débarrasser du soin de toutes affaires, considérant d'ailleurs que leurs quatre fils cy-après nommés sont en estat d'exercer cette profession et de soutenir la réputation que ledit sieur Boulle s'est acquise (...), leur cèdent tous leurs biens immobiliers (...), marchandises, matériaux, outils et ustensiles estant dans les lieux qu'occupent lesdits sieurs Boulle père et mère et lesdits sieurs leurs fils aux galeries du Louvre et dans un chantier sis sur la place du Vieil-Louvre (...)." Suit un très long inventaire de meubles et d'objets d'ameublement, certains faisant l'objet de commandes en cours d'exécution.

En réalité, il ne semble pas qu'André Charles Boulle, malgré ses soixante-treize ans, ait cessé de s'occuper de son entreprise. On peut même supposer qu'il en resta le maître d'œuvre. Et l'incendie qui survint place du Vieux-Louvre, dans la nuit du 30 août 1720, détruisant la totalité de son atelier et une grande partie de ses collections, ne le découragera pas. Il reconstruira l'atelier et poursuivra son activité jusqu'à sa mort, à près de quatre-vingt dix ans. Deux de ses fils, qui travaillaient avec lui avant 1720, lui succéderont aux galeries du Louvre, deux autres ouvriront leurs propres ateliers. Tous poursuivront son œuvre et, en même temps qu'eux ou après eux, beaucoup d'autres ébénistes influencés par son génie et son inventivité.

La marqueterie Boulle

André Charles Boulle s'identifie à la marqueterie de cuivre et d'écaille au point que celle-ci est habituellement désignée par son nom. Il n'est pourtant pas l'inventeur du procédé. Au XVIIIème siècle, en Italie comme en France, des meubles sont incrustés tantôt d'étain, tantôt de cuivre et d'étain. Boulle donne sa préférence au cuivre et à l'écaille. Dans le parti décoratif qu'il en tire comme dans l'extraordinaire précision du travail, il atteint la perfection. Sa trouvaille la plus originale consiste à découper ensemble une plaque de cuivre et une feuille d'écaille blonde de tortue, selon le dessin choisi, permettant ainsi d'obtenir deux panneaux à la fois similaires et différents. Dans le premier, dit "en première partie", le décor s'inscrit en cuivre sur le fond d'écaille ; dans le second, dit "en contrepartie"', il s'inscrit en écaille sur le fond de cuivre. Rinceaux étirés aux multiples vrilles et feuillages stylisés ainsi obtenus présentent une finesse, une rigueur de dessin, une netteté, une régularité absolument confondantes. Quant aux surfaces du cuivre formant le fond des décors "en contrepartie", elles sont elles-mêmes gravées de motifs similaires.

Des bronzes omniprésents

L'abondance des bronzes, leur emploi généralisé constituent l'autre innovation de Boulle. Ces bronzes, qu'il fabrique lui-même, sont à la fois utilitaires (ils protègent les angles et les parties vulnérables du meuble, ils servent de charnières ou de pieds) et décoratifs : encadrements de panneaux, mascarons, griffes, frises, motifs feuillagés et même véritables bas-reliefs représentant des personnages ou des scènes allégoriques ou mythologiques. Aux décors de meubles s'ajoutent des objets d'ameublement en bronze : pendules, cartels, candélabres, bras de lumière, feux, encriers, etc.

Ces meubles et ces objets, Boulle les a dessinés et diffusés sous forme d'un recueil gravé par Mariette, au début du XVIIIème siècle, sous le titre :
Nouveaux desseins de meubles et ouvrages de bronze et de marqueterie inventés et gravés par André Charles Boulle. Toutefois, certains des modèles qu'il réalise, notamment des bronzes, sont empruntés à des sculpteurs contemporains comme Girardon et Coustou, voire à des artistes plus anciens comme Michel-Ange. Il est probable également que Boulle a puisé son inspiration dans les nombreux dessins de Raphaël, de Rubens et d'autres maîtres qu'il possédait. Enfin, le style général de sa production a suivi l'évolution du goût selon les maîtres à penser de l'époque : ses premiers ouvrages, monumentaux, rigoureusement architecturés (grandes armoires, commodes) relèvent du classicisme codifié par Le Brun. Dans les premières décennies du XVIIIème siècle, il adopte des formes plus souples en même temps que des décors plus fantaisistes où l'on retrouve les grotesques mis à l'honneur par Bérain.

Placages et bois précieux

La prédominance des meubles en ébène marquetés de cuivre et d'écaille ne doit pas faire oublier les fabrications en placage et en marqueterie de différentes essences de bois. Dans l'Abecedario Pittorico, publié en 1719 à Florence, la notice consacrée à Boulle (le seul ébéniste cité dans l'ouvrage) précise qu'il utilisait des bois des Indes et du Brésil pour réaliser des "sortes de fleurs, de fruits et d'animaux, composant des scènes de chasse, de bataille et de mode, le tout accompagné d'ornements d'un goût très raffiné, enrichis de bronze et devant servir pour des tables, des bureaux, des coffrets". Le musée du Louvre et celui de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg possèdent chacun une grande armoire typique de Boulle, en ébène marquetée de cuivre et d'étain sur fond d'écaille, dont les deux portes sont ornées d'un vaste panneau de très fine marqueterie de fleurs en bois de couleur.

Boulle a également pratiqué le placage de bois de violette en motifs géométriques d'une très grande sobriété. Pierre Verlet en a trouvé la preuve dans l'inventaire, que l'ébéniste a dressé lui-même, des meubles détruits par l'incendie de son atelier en 1720. Cette découverte lui a d'ailleurs permis d'attribuer à Boulle une commode à deux rangs de tiroirs, sur pieds cambrés, que possède le musée du Louvre. Une commode semblable faisait partie des collections du château de Mentmore, dispersées aux enchères le 19 mai 1977 ; une autre a été vendue à Paris en 1979 ; une troisième est indiquée dans la collection de Vogüé de Dijon.


Deux meubles identifiés

L'étendue de la production d'André Charles Boulle est difficilement imaginable. Les documents que l'on connaît, notamment l' "acte de délaissement" de 1715 et l'inventaire après décès de 1732, fournissent des listes interminables auxquelles s'ajoutent les inventaires de quelques-uns des principaux clients de l'ébéniste et les catalogues de vente de leur mobilier. Malheureusement, dans la plupart des cas, les descriptions demeurent trop imprécises pour être appliquées avec certitude aux meubles qui subsistent aujourd'hui, d'autant qu'aucun d'entre eux n'est signé, l'estampille n'étant pas en usage à l'époque.

Deux meubles seulement, grâce à des documents d'archives, sont identifiés de façon incontestable. Il s'agit de la paire de commodes exposées aujourd'hui dans la chambre de Louis XIV au château de Versailles mais qui, en fait, furent exécutées en 1708 pour le Grand Trianon : "Versé 3 000 livres à A.C. Boulle pour deux bureaux qu'il fait pour le palais du Trianon" Le nom de bureaux qui leur est donné ne doit pas surprendre. La commode est alors un meuble nouveau qui se substitue progressivement au cabinet du XVIIème siècle. La structure hybride des meubles en question, sortes de coffres supportés par huit pieds cambrés réunis deux à deux, témoigne de recherches non encore abouties. Mais la marqueterie de cuivre et d écaille comme les bronzes, en particulier les femmes ailées qui ornent et protègent somptueusement les quatre angles, sont d'une qualité exceptionnelle. En 1790, les deux commodes (c'est ainsi qu'on les désigne désormais, mais en précisant : "de forme ancienne") sont envoyées au Garde-Meuble puis attribuées, un peu plus tard, à la bibliothèque de l'Institut, d'où le nom de commodes "mazarines "qui les désignera désormais. Elles y resteront jusqu'à leur retour à Versailles. Voici la description de l'une d'entre elles, rédigée au XVIIIème siècle : "
Une belle commode de marqueterie de cuivre et d'écaille noire à deux tiroirs, ornée de moulures, feuillages, entrées de serrures et anneaux de bronze doré, aux coins sont quatre sphinx ailés, aussi de bronze doré, terminés d'une patte de lion, avec feuillages ; le dessus de la commode de marbre griotte rougeâtre veiné de blanc (...)."

De nombreuses attributions

Un certain nombre d'autres meubles sont attribués à Boulle pratiquement sans hésitation. C'est le cas, au musée du Louvre, des grandes armoires et d'une paire de commodes en forme de coffre, toujours plaquées d'ébène marquetée de cuivre et d'écaille. Ces meubles proviennent, en dernier lieu, du palais des Tuileries ou du château de Saint-Cloud. Deux des armoires, autrefois dans les collections d'Hamilton Palace, sont ornées identiquement de deux figures en bronze, dites du Temps et de la Sagesse, que l'on retrouve d'ailleurs sur d'autres meubles. Elles s'inspirent directement d'un dessin du début du XVIIIème siècle que conserve le musée des Arts décoratifs et qui pourrait être de Boulle. Le Louvre encore possède le bureau à pendule de l'Electeur de Bavière Maximilien-Emmanuel, peut-être commandé lors de la visite de l'atelier de Boulle par ce dernier en 1723.

Plusieurs musées étrangers, dont le Victoria and Albert Museum et la Wallace Collection, l'un et l'autre à Londres, possèdent des meubles sortant, selon toute probabilité, de l'atelier du grand ébéniste. Citons, à la Wallace Collection, un meuble qui correspond parfaitement à une description figurant dans l' "acte de délaissement" cité plus haut : "(...)
une grande armoire de marquetterie et de bronze à deux portes séparées par une pendule à secondes (...) faitte et preste à dorer (...)."

Répliques, copies, interprétations

Boulle a très vraisemblablement repris lui-même certains de ses modèles à succès. On connaît des répliques des commodes "mazarines" qui peuvent avoir été réalisées dans son atelier et sous sa direction. Beaucoup d'autres meubles typiques de Boulle sont dans ce cas. Mais rien ne prouve qu'ils ne soient pas l'œuvre d'un de ses fils ou d'autres ébénistes, Levasseur, Dubois et Montigny en particulier, qui ont travaillé dans sa manière, imitant ou interprétant ses dessins, parfois jusque sous le règne de Louis XVI. Ainsi de la série des cabinets (les uns ornés de chutes de médailles en bronze, les autres de figures allégoriques) et des bibliothèques basses (bas d'armoire), meubles maintes fois restaurés mais aussi copiés, au cours du XVIIIème siècle, notamment par Etienne Levasseur. Ainsi encore des tables consoles à six pieds réunis par une entretoise, directement issues d'une des planches des Nouveaux desseins publiés par Mariette. Une vingtaine d'exemplaires de ce meuble sont connus, avec des variantes, le plateau étant diversement orné de motifs de marqueterie de cuivre et d'écaille ou encore recouverts de cuir ou d'un marbre. Certaines de ces consoles portent l'estampille de Jacques Dubois ou d'Etienne Levasseur, ou encore de Jean-François Leleu (Wallace Collection) ; sur une autre, figure une étiquette du marchand-ébéniste Séverin, vantant ses mérites "pour la parfaite restauration des meubles du célèbre Boulle" (meuble vendu à Monaco le 22 juin 1986).

Dans la lignée des meubles réalisés d'après les Nouveaux desseins figurent encore des bureaux plats reposant sur six pieds, proches, par leur structure un peu hybride et compliquée, des commodes "mazarines". Un de ces meubles porte l'estampille de Jacques Dubois (collection Asbusham, vente à Londres, 26 juin 1953) et pose à nouveau le dilemme : restauration ou copie ?


De grands bureaux plats, dans leur forme devenue classique, à quatre pieds cambrés, des horloges monumentales, au mouvement signé habituellement des horlogers Gaudron ou Thuret, des tables de salon, des coffres à bijoux, les uns et les autres revêtus de l'habituelle marqueterie de cuivre, d'écaille, parfois de corne teintée, allongent la liste de ces meubles qui ont pu naître dans l'atelier des Boulle (le père ou les fils), être restaurés ou vendus ultérieurement par d'autres ébénistes, ou encore transformés, voire tout simplement copiés. Les catalogues de vente du XVIIIème siècle mentionnent souvent des "meubles de Boulle" sans autre précision.

On retrouve de nos jours ces meubles livrés aux enchères à maintes reprises. Il s'agit des modèles faisant partie, pour la plupart, des grandes séries connues comme les commodes coffres du musée du Louvre, les médaillers de Versailles ou encore les bureaux plats, certains avec chutes d'angle à espagnolette, les tables-consoles à six pieds, les gaines, les torchères, etc., habituellement présentés sous la mention "attribué à Boulle".

Il faut enfin se souvenir que la marqueterie de Boulle connut un énorme succès au XIXème siècle et qu'à côté des interprétations très reconnaissables de l'époque Napoléon III, de grands amateurs firent exécuter des copies à l'identique de quelques meubles célèbres par ou attribués à Boulle lui-même. Citons à titre d'exemple les deux reproductions du bureau de l'Electeur de Bavière (dont l'original, comme nous l'avons signalé, se trouve au musée du Louvre) réalisées en 1855 - 1857 pour Lord Hertford. Une de ces copies appartient aujourd'hui à la Wallace Collection de Londres.




Les fils de Boulle


Quatre des sept enfants du célèbre ébéniste ont été à la fois ses élèves, ses collaborateurs et, en quelque sorte, ses successeurs. Ils restent fidèles à ses formules décoratives au point que Mariette les traite dédaigneusement de "singes de leur père".
Ils auraient également réalisé des décors en relief à l'aide de pierres dures de différentes couleurs. On a prétendu que leur production était inférieure, en qualité, à celle de leur illustre père. Comme ils ne firent pas plus que lui usage de l'estampille, on ne voit pas comment il est possible de faire de telles comparaisons. En fait, de nombreux meubles "Boulle" des premières décennies du XVIIIème siècle ont pu aussi bien être fabriqués dans l'atelier du grand André Charles que dans ceux de ses fils ou de quelques autres de ses imitateurs.


Charles Joseph BOULLE


29 août 1688 - 19 juin 1754


Surnommé Boulle le Jeune, il obtient la jouissance du logement et de l'atelier des galeries du Louvre, où il est né et où il restera toute sa vie, d'abord avec son frère aîné Jean-Philippe puis seul, après la mort de ce dernier en 1744. Sa vie s'achève également dans la misère. Il n'est pas inintéressant d'apprendre qu'il avait sous-loué une partie de ses logements du Louvre à un jeune ébéniste allemand qui travaillait dans son atelier, un certain Jean-François Oeben.


Jean-Philippe BOULLE


vers 1680 - 14 mai 1744


En 1725, il obtient, en même temps que son frère Charles Joseph, la "survivance" du logement de son père au Louvre, avec le privilège d'ébéniste, marqueteur, ciseleur et doreur de sa Majesté. Il livre, en 1734, un important bureau "pour le service du Roi". On connaît des estampes portant sa signature et représentant "des ornements de marqueterie". Comme ses trois frères, il connaît des difficultés financières qui lui valent même quelques mois d'emprisonnement pour dettes.


Pierre Benoît BOULLE


vers 1682 - 20 mai 1741


Il quitte l'atelier paternel avant 1725 pour s'établir grande rue du Faubourg Saint-Antoine. Il semble avoir vécu dans des conditions difficiles. Les scellés seront apposés sur son domicile à la demande de ses frères.


André Charles II BOULLE


11 décembre 1685 - 28 juillet 1745


Habile sculpteur, il obtient en 1709 le second prix de Rome dans cette discipline. Il travaille d'abord chez son père, aux galeries du Louvre, puis ouvre un atelier rue de Sèvres, qui lui vaudra d'être connu sous le nom de Boulle de Sèvres, ou Boulle de Sève comme il signe lui-même. On le considère comme le plus brillant des fils de Boulle, ce qui ne l'empêche pas d'achever son existence criblé de dettes. Au nombre de ses créanciers figurent de nombreux artisans, des fondeurs, des doreurs, l'ébéniste Chevallier, l'horloger Le Roy. Il serait donc l'auteur de ces gaines d'horloges aux formes monumentales et mouvementées, aux bronzes plutôt médiocres, que l'on attribue indistinctement aux fils de Boulle.


Bibliographie

"Le Mobilier Français du XVIIIème Siècle"

Pierre Kjellberg
Les Editions de l'Amateur - 2002