Nicolas SAGEOT
1766 - 8 janvier 1731
 
Reçu Maître en 1706



Né à Samaize-les Bains en 1766, nous ignorons tout de son arrivée à Paris et de ses débuts, jusqu'en 1698, quand il prend deux alloués. Installé dans la Grande-Rue du Faubourg Saint-Antoine, il y travaille comme ouvrier libre jusqu'en 1706, date à laquelle il obtient sa maîtrise.

Sageot fut l'un des premiers à estampiller ses meubles, l’obligation datant d'un arrêt du Parlement de Paris du 5 décembre 1637 (la date de mort de Nicolas Sageot, le 8 janvier 1731, jointe à l'existence d'un bureau signé par lui et conservé dans les collections royales de Suède depuis le XVIIIe siècle, ainsi que la découverte de la date de décès d’Étienne Doirat, associée à la présence d'un meuble, estampillé de ce maître, depuis 1729, dans les collections électorales de Bavière, a permis de démontrer que l'usage de l'estampille était bien antérieur aux nouveaux statuts des maîtres ébénistes de 1743 et enregistrés définitivement en 1751)
 
Peu d’œuvres de cet ébéniste sont toutefois estampillées, mais elles peuvent lui être attribuées, par comparaison avec celles portant une estampille. Il s'agit de meubles, notamment des armoires, commodes et bureaux, inspirés de Boulle, en ébène marqueté d'écaille rouge, de cuivre et de corne teintée, dans le goût de Bérain.
 
La production identifiée de Nicolas Sageot, démontrant un atelier particulièrement actif et apprécié du grand public, est intéressante en ce qu'elle reflète le monde des ébénistes spécialisés dans la marqueterie de métal du faubourg Saint-Antoine.
Ses marqueteries sont souvent répétitives, ce qui est logique puisqu'il était propriétaire des cartons, mais pas uniformes, et toujours élégantes. Ainsi, le panneau de marqueterie ornant, sur de nombreux exemples, les portes des armoires, se retrouve sur la plupart des côtés de commodes et des plateaux de bureaux. Il mélange à sa guise les éléments qui les composent et, naturellement, fait souvent varier le champ central de ses plateaux de commodes. 
 
La forme de celles-ci varie : si la production de commodes en arbalète fut considérable, nous lui connaissons également nombre de commodes en tombeau, ainsi qu'une série de commodes, plus modernes dans leur structure et bombées en façade.

Ses bureaux, à caissons, avec tiroir et éventuellement ventail médian, toujours portés par huit pieds reliés quatre à quatre par une entretoise, sont aussi variés. Il produisit à la fin de sa carrière des bureaux à quatre pieds de biche, dont aucun n'est identifié.

C'est peut-être dans les armoires qu'il fit preuve de la plus grande créativité. Il en fit en bibliothèque à quatre panneaux grillagés, à dôme, à panneaux pleins comme celle du musée des Arts décoratifs de Paris, à fronton en arbalète et angles abattus et cannelés à l'image de celle de la donation Grog au musée du Louvre, et à fronton arrondi comme celle des princes de Hohenzollern.
Son chef-d’œuvre  est la paire d'armoires, l'une en première partie, l'autre en seconde partie, à portes sur les côtés avec un dôme chargé de bronzes allégoriques, évaluées à 4 000 livres les deux. Celle qui est en première partie appartient aux princes Beloselsky-Belozersky, l'autre est conservée au château de Versailles.

Le marché qu'il passa en 1720, portant sur la vente de meubles à Claude-Bernard Prieur, Marchand Mercier suivant la Cour, pour un montant de 16 000 livres, nous donne l'image du caractère actif de son atelier et du prix de ses marchandises. Les grandes armoires à portes pleines et à dôme coûtaient 900 livres pièce, et les bibliothèques grillagées, 500 livres. Le prix des commodes était respectivement de 625, 300 et 250 livres. Celui d'un "bureau de travail" de cinq pieds de long (162 centimètres) était de 700 livres.



Nicolas SAGEOT
1666 - 8th January 1731

Received Master 1706


Nicolas Sageot, the son of a wine grower, was born in Samaize-les-Bains in 1666. He appears to have become active around 1690 and is first recorded as working in Grande Rue du Faubourg Saint-Antoine in 1698 where, before being accepted by the cabinet-makers guild, he had worked as an ouvrier libre.

He married, in 1711, Marie-Brigitte Roussel, the daughter of the ébéniste Jacques Roussel and his workshop appeared to prosper until around 1720, when he stopped working and sold his stock. The expensive nature of his business is revealed by the sale, in 1720, to Léonard Prieur, 'Marchand Mercier Grossier Joaillier Privilégié suivant la Cour' of 16,000 livres of furniture.

His production seems to have principally consisted of important armoires, commodes and bureaux. The inventory of the workshop made upon the death of his wife in 1729, records an important stock of brass and tortoiseshell.

It is important to note that the first estampille ever to be recorded on a piece of French furniture appears to be that of Sageot, whose stamp was found on a bureau mazarin, while the second stamp recorded was that of Etienne Doirat (d.1732), on a commode à deux tiroirs sans traverse apparente (as discussed in R. Verdier, le Style Régence, 1984, p. 124).



Bibliographie

"Le Mobilier Français du XVIIIe siècle"
  Pierre Kjellberg
  Les Éditions de l'Amateur - 2002

 
"André-Charles Boulle (1642-1732), un nouveau style pour l'Europe"
  Jean Nérée Ronfort
  Somogy Éditions d'Art, Paris, 2009

  L'Estampille - L'Objet d'Art n° 266
  Pierre Grand
  Février 1993