Jean-Louis PRIEUR
(1732 - 1795)
 
Maître Sculpteur, le 5 novembre 1765
Maître Fondeur, le 13 juillet 1769
 
Jean-Louis Prieur naît à Paris en 1732. Il est issu d'une famille d'artisans spécialisés dans les arts décoratifs.
Il est reçu Maître Sculpteur à l'Académie de Saint-Luc, le 5 novembre 1765, puis Maître Fondeur, "en terre et sable", le 13 juillet 1769, suivant un arrêt du Conseil, du 6 juin 1769.
 
Cousin du célèbre fondeur-ciseleur parisien Jean-Joseph de Saint-Germain, il n'apparaîtrait pas étonnant qu'il fasse ses débuts dans son atelier.
Il est installé Faubourg Saint-Denis, puis à l'Enclos du Temple à l'enseigne des "Armes d'Angleterre" (Davilliers, Aumont, p. XXVII), où il se désigne comme "sculpteur, cizeleur et doreur du Roy" ou "sculpteur, fondeur du Roy".
 
Il contribue à la diffusion de ce nouveau goût "à la grecque", en participant à l'expédition menée sous la protection de Madame Geoffrin et dirigée par l'architecte Victor Louis, à la cour polonaise, pour la rénovation du château de Varsovie, en 1766, sous le règne de Stanislas-Auguste Poniatowski.
 
En 1772, il œuvre pour les bronzes du chœur de la Cathédrale de Chartres et, en 1775, pour ceux du carrosse du sacre de Louis XVI.


 Gravure du Carrosse du sacre de Louis XVI
Château de Versailles
  

Cette même année, il travaille pour les petits appartements du Prince de Condé au Palais Bourbon. Il propose, à cette occasion, un projet de cheminée qui, en raison de son apparence, a longtemps été considéré comme celui d'une simple console et qui a pu être, aujourd'hui, identifié par rapprochement.

Modèle de cheminée décorée en console
Paris, vers 1771-1772
Musée des Arts Décoratifs - Paris

 
On la voit, sur ce projet, "figurée par une table de marbre blanc, soutenue par des pieds de bronze doré d'or moulu. Les chenets y sont liés avec ces supports, de manière qu'elle sert effectivement de table en été par le moyen du panneau du fond qu'on y ajoute".
 
En 1776, il livre des girandoles à décor de roses pour le boudoir turc du Comte d'Artois à Versailles.
 
Parmi ses nombreux autres projets, retenons celui d'une console reposant sur quatre montants "en gaine" sculptés de bustes de femme et réunis par une entretoise ornée d'une aigle bicéphale

 
 Projet de console
vers 1775
Musée des Arts Décoratifs - Paris
 

ou bien celui d'un piédestal à décor de vase enflammé et de cornes d'abondance, qui pourrait être rapproché de celui exécuté, quelques années auparavant, pour le roi de Pologne.

 Modèle de piédestal
vers 1770
Musée des Arts Décoratifs - Paris
 

On notera, aussi, celui d'un surtout de table représentant une coupe flanquée de deux sphinges canéphores supportant un panier de fruits.



 Modèle de surtout de table
vers 1770
Musée des Arts Décoratifs - Paris
 

On remarque donc, chez Prieur, un véritable talent de dessinateur qui, au travers de la richesse et de la variété de son œuvre, réside dans sa capacité à renouveler sans cesse ses formes en suivant l'évolution du néoclassicisme.
Malgré le succès de ses productions, il fait faillite, en 1778, et se réfugie alors sous la protection du Comte d'Artois, frère du Roi, afin d'échapper à ses créanciers et à la juridiction royale. Surmontant ces difficultés, il parvient aussi à poursuivre une activité d'ornemaniste.

A partir de cette période, il fait graver ses dessins, en vue de les publier et son répertoire ornemental évolue, avec une prédilection pour des motifs et des décors d'inspiration antique (arabesques, figures chimériques...). Certaines de ses compositions sont destinées à être peintes sur des panneaux ou des toiles de grand format, comme celles que l'on peut voir au Musée des Arts Décoratifs de Paris.
 
Prieur peut être considéré à juste titre comme l'un des pères du dessin professionnel : dès 1770, il prit le soin de déposer les dessins de ses modèles au bureau des dessins ouvert par sa propre corporation, le 21 avril 1766, et dont l'archivage des projets permettait d'éviter les contrefaçons, tout en sanctionnant ceux qui exploitaient les modèles d'autrui (ce qui donnait lieu à des procès au sein de la corporation). Ce dépôt fut, malheureusement, détruit, lors de l'incendie de l'Hôtel de Ville, en 1871, pendant l'Insurrection de la Commune.
 
Prieur meurt à Paris, en 1795.



Jean-Louis PRIEUR
(1732 - 1795)

Master carver, 5th November 1765
Master Founder, 13th July 1769

Jean-Louis Prieur was born in Paris in 1732, from a crafstmen family specialized in decorative arts. He became a Master Carver at the Saint-Luc Academy, the 5th November 1765 and then Master Founder 'en terre et sable', the 13th November 1769.

Cousin of the famous parisian carver-founder Jean-Joseph de Saint-Germain, it may be possible that he began his activity in his workshop. He settled Faubourg Saint-Denis and then at the Enclos du Temple, under the name 'Armes d'Angleterre', where he called himself 'sculptor, carver and gilter of the King'.
He contributed to spread the new Greek style taste, being a part, in 1766, of the expedition to the Polish Court, for the renovation of the Warsaw Castle, under the direction of the architect Victor Louis.

In 1772, he worked on the bronzes of the Chartes cathedral's choir and in 1775 on those of the carriage of Louis XVI's coronation.
The same year, he worked in the apartments of the Prince de Condé at Palais Bourbon. For the occasion he offered a new draft of fireplace, which had been considered as a console for a long time but has now been identified.

In 1776, he delivered candelabra decorated with roses for the boudoir of Comte d'Artois in Versailles.

Among his numerous drafts, some have caught our attention : a console, on four square tapering supports headed by women busts and joined by a bicephalous eagle carved stretcher; a pedestal adorned with burning vases and cornucopie, which could be compared with the one done, a few years before, for the King of Poland, or a center-piece of table depicting a bowl flanked by two sphinges hloding a basket of fruits.

We can therefore notice that Prieur had a real talent for drawing, which lied in his capacity to adapt his shapes and renew his works to follow the evolution of neoclassicism style.

In spite of his success, Prieur went bankrupt in 1778 and took refuge unde Comte d'Artois' protection in order to escape from his creditors and the royal jurisdiction. He managed to overcome those troubles and kept up by becoming an ornamental designer.

From that time, he had made his drawings engraved in order to publish them, and his ornamental vocabulary evolved with a special predilection for antique taste decoration. Some of his works were supposed to be painted on large panels or canvas, like the ones of the Musée des Arts Décoratifs in Paris.

Prieur can rightly be considered as the godfather of the professionnal drawing : from 1770, he had filed his drawings and models to the 'Drawing Desk' that his own corporation opened, the 21st April 1766. To archive drafts enabled to avoid counterfeits and to punish the ones who had exploited the other's models.

The desk was unfortunatelly ruined in the fire of the town hall in 1871.

Prieur died in Paris in 1795.