Autoportrait, vers 1762,
Chantilly, Musée Condé


Louis Carrogis, dit Carmontelle
(1717 - 1806)

A son retour de la guerre de sept ans, en 1763, à laquelle il a participé en Westphalie (1756 - 1763),  en tant que topographe, il entre au service du duc d'Orléans et devient le lecteur de son fils, Louis Philippe Joseph, duc de Chartres où, sachant se faire apprécier pour son esprit et ses dons de dessinateur, il finit par devenir le grand ordonnateur des fêtes et des divertissements du prince. Il lance la mode des comédies - les fameux proverbes, dont Musset s'inspirera plus tard -, où les spectateurs sont invités à improviser et deviner les adages qui en forment la trame. On lui doit, aussi, l'invention vers 1783, d'une boîte permettant de visionner des "tableaux perpétuels". Placée devant une fenêtre ou une source lumineuse dans une pièce obscurcie, elle est équipée d'un dispositif composé de deux rouleaux actionnés par une manivelle faisant défiler en continue une longue image représentant des parcs et des paysages animés de personnages, un peu comme si l'on voyageait dans une berline...

Comme le souligne Monique Mosser dans le catalogue consacré à l'exposition : "Jardins romantiques français" organisée, en 2011, au Musée de la Vie romantique à Paris, Carmontelle cherche, avec cette invention, à "introduire une forme d'animation  inédite, qui lui permette d'évoquer la quatrième dimension, celle du temps" Et d'ajouter : "on ne peut qu'être fasciné par cette volonté de capter, de transposer et de restituer l'insaisissable "continuum spatial" de l'expérience physique réelle, celle du promeneur confronté à la mobilité du paysage, bien avant l'invention du cinéma et de ses travellings panoramiques...".

Comme on peut l'imaginer, les contemporains de l'artiste sont littéralement fascinés...

Son inventaire "après décès", établi en 1807 laisse apparaître pas moins de onze "transparents", exécutés entre 1783 et 1804...

Dans ses Proverbes et comédies posthumes de Carmontelle, publiés en 1825, madame de Genlis rapporte qu'en 1801 l'artiste lui a fait chez elle à l'Arsenal la démonstration de "cette sorte de lanterne magique si originale et de l'effet le plus agréable. Il était en marché pour le vendre très avantageusement en Russie".